dimanche 1 juillet 2012

Mon pays, ma société : Présentation


Présentation

J’ai voulu écrire une série d'ouvrages pour les enfants. Pour leur donner le goût d’apprendre et de se valoriser. D’apprendre en général mais particulièrement, puisqu’il s’agit de sciences sociales, d’apprendre à bien vivre avec les autres et à protéger et enrichir son environnement naturel et social. L’idée qui m’a conduite est que tout et chaque enfant doit savoir qu’il a sa place dans le monde et qu’il a aussi des responsabilités à sa mesure.
Pour cela, il fallait faire en sorte que d’où que vienne un enfant dans l’espace géographique et social, il puisse se retrouver dans le livre. Fier de son pays, de sa région ; fier de ses parents.
Un livre écrit pour l’enfant est aussi un livre qui prend en compte sa condition d’enfant. Un enfant de la 3e à la 6e année fondamentale a, en général, entre 8 et 12 ans. Il est rendu au stade cognitif des opérations concrètes. Il n’est pas un adulte en miniature. Certaines formes de présentation de sa réalité lui sont inaccessibles. De plus les recherches sur l’intelligence de l’enfant démontrent qu’il y a une séquence naturelle dans le processus d’apprentissage. Par exemple, en continuité avec le stade sensori-moteur, les connaissances sur l’espace s’acquièrent, au stade préopératoire, d’abord par les relations topologiques fondées sur le voisinage et la séparation, avant de prendre en compte le plan cartésien. Après la manipulation des objets –stade sensori-moteur–, la topologie constitue donc la fondation de l’apprentissage des opérations mentales sur l’espace. Il faut dès lors, en 3e année renforcer la base pour que l’édifice de l’intelli­gence de l’enfant ne s’écroule sous une masse de connaissances livresques. C’est sur cette base que doivent s’asseoir, peu à peu les connaissances ultérieures présentées de la 4e à la 6e année qui les emboîtent. L’édu­cateur, pour mieux remplir sa mission doit prendre en compte la succession d’emboîte­ments qui correspond à la succession des stades du développement de l’intel­ligence.
Une autre préoccupation qui a dominé mon esprit est la prise en compte des différents modes d’intelligence. Certains enfants sont plus visuels, certains plus auditifs, d’autres plus moteurs etc. mais tous utilisent ces différentes modalités, plus ou moins. J’ai donc cherché à mobiliser de tant à autre non seulement les habiletés verbales –traditionnellement privilégiées– et les habiletés visuelles –négligées– mais aussi d’autre formes, particulièrement les habiletés kinesthésiques liées naturellement à la topologie –repères, proximité, mouvement– et qui sont pratiquement ignorées après le préscolaire. Cette approche donne à l’enfant toutes ses chances et à chaque enfant sa chance. Mais en plus, elle donne à l’enfant des compétences pour mieux faire face à des situations diverses puisque certaines situations ou certains problèmes requièrent un mode de résolution préférentiel.
Par ailleurs, je n’ai pas opté pour la méthode trop souvent adoptée dans les manuels actuellement sur le marché, qui consiste à écrire quelques paragraphes ou quelques lignes sur les objectifs spécifiques libellés dans le curriculum du Ministère de l’Édu­cation Nationale ; méthode facile mais qui interdit l’utilisation d’un facteur essentiel dans l’apprentis­sage : la répétition. Pas une répétition mécanique, un rabâchage, mais une reprise des différentes notions à présenter dans des contextes divers et, quand il le faut, de façon évolutive. Ainsi, si tous les objectifs spécifiques déterminés par le Ministère sont respectés, pratiquement tous se retrouvent dans plusieurs chapitres. L’enfant est mis dans plusieurs situations concrètes qui lui demandent d’utiliser une combinaison de notions, tout en faisant appel à des habiletés différentes. Le développement mécanique du curriculum du Ministère de l’Éducation aurait interdit cette approche dynamique. L'approche donne donc une place importante au développement des compétences de l'enfant sans négliger certaines connaissances « accessoires » qui puissent meubler son esprit et attiser sa curiosité.
Voila pour les processus d’apprentissage et la méthode. Quant-au contenu, je me suis appliqué d’une part à respecter le milieu de vie de l’enfant –aussi bien son milieu naturel que son milieu social– et d’autre part à ouvrir son esprit, à l’inciter à la tolérance et à la reconnaissance de la valeur de l’autre.
Haïti est :
  • un pays tropical,
  • aux micro-écosystèmes très variés,
  • qui est doté d’une beauté naturelle et de richesses,
  • mais qui fait face à de graves problèmes de dégradation de­ l’environ­nement, et en milieu rural, et en milieu urbain.
Ce sont là les éléments essentiels de ce qui est présenté à l’enfant comme étant son environnement naturel. C’est pourquoi, en 3e – 4e année, un livret départemental est offert pour couvrir le milieu plus proche de l’enfant.
Son environnement social quant-à lui, est présenté comme formé d’acteurs des trois secteurs économiques et des différentes catégories qui se complètent pour former le tissus social. Partout, l’enfant est porté à cultiver les valeurs de tolérance. Il s’agit non seulement d’accepter les différences mais de considérer la diversité comme une richesse.
L'histoire, couverte à partir de la 5e année, est présentée de sorte à aider l'enfant à comprendre la dynamique sociale et à valoriser le métissage ethnique ; à développer les compétences de l'enfant comme futur acteur du développement économique, social et culturel dans un contexte dominé par la démocratie représentative. Par ailleurs, la République Dominicaine, généralement négligée prend la place qui lui revient comme peuple et territoire qui partage avec nous l'île Kiskeya.
Le seul parti-pris qui transpire dans le texte est celui pour l’intégrité et l’équité. Équité de genre, équité spatiale –répartition spatiale des richesses–, équité sociale –justice sociale–. Aucune partisanerie politique donc, mais une option pour un monde plus juste et pour le respect de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant.
J’ai consacré à la rédaction de ces ouvrages beaucoup de temps et d’effort, avec énormément d’amour pour les enfants et pour mon pays. Les ouvrages disponibles cette année s'adressent aux élèves de la 3e à la 5e année. J'espère que cet effort soulèvera l’enthousiasme dans toutes les branches du milieu éducatif. Mes visites dans les écoles pionnières m’ont encouragé –particulièrement les élèves–, de même que mes rencontres avec les directeurs et les responsables pédagogiques des écoles. Dans un contexte de précarité économique extrême depuis le 12 janvier 2010, j’espère que les agents qui tiennent le nerf de la guerre comprendront bien l’enjeu, dans l’intérêt des enfants et de leur avenir dans la société. Mon ambition n’est autre que de créer pour le moins un sursaut dans un système éducatif qui en a grand besoin.
D’abord un questionnement et des réponses adéquates sur la condition de l’enfant :
  • Quelles sont ses capacités en fonction de son stade de développement ?
  • Quels sont les outils que le système éducatif peu mettre à sa disposition –directement ou indirectement– pour répondre à ses besoins de connaissance et de formation de la personnalité ?
  • Quelles valeurs universelles doivent lui être transmises nonobstant les différences d’origine de toute sorte et les préférences religieuses ?
Ensuite, une considération de ces questions et réponses dans une action active de la part des producteurs de matériels éducatifs.
Si seulement ce sursaut pouvait être initié, j’aurai atteint mon but.

Jean-François Tardieu
Pétion-Ville le 21 juin 2011

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